Cette recherche a bénéficié d'un BQR de Faculté l'année 2000 et d'un BQR d'Université l'année 2002. Elle est placée sous la responsabilité scientifique de M. Auzanneau.

Elle prend pour objet la chanson rap et les pratiques linguistiques de ses auteurs sur les terrains Librevillois (Gabon), Dakarois (Sénégal), Saint-Louisien (Sénégal) et Parisien (France : Juvisy, 91).

Débutée par Michelle Auzanneau en 1997, elle s'est poursuivie, concernant les analyses des chansons africaines et le terrain français, dans le cadre d'un groupe de travail, le GRAFEC (Groupe de recherche appliquée aux formes d'expressions contemporaines), créé en 2000. Ce groupe de travail, mobile, a réunit des chercheurs confirmés, de jeunes chercheurs doctorants et des étudiants de maîtrise et DEA rattachés à des laboratoires divers du Département de Linguistique de Paris V (LEAPLE, PAVI (ex CARGO), Laboratoire de sociolinguistique) ou d'autres Universits (Grenoble III, UCAD (Dakar)). Les chercheurs ayant maintenu leurs travaux ou leur participation ponctuelle à des travaux dans ce cadre jusqu'à ce jour sont Vincent Fayolle (LEAPLE), Angela Fernandez (PAVI), Adeline Masson Floch (Doctorante) et M. Auzanneau (Laboratoire de Sociolinguistique)...

Cette recherche montre que le rap est un phénomène urbain qui révèle et participe aux dynamiques sociolinguistiques de la société dans laquelle il s'inscrit. Il est un espace social traversé par des influences culturelles et linguistiques diverses d'origine locale et internationale. Lieu de circulation et de création de cultures et identités, il est également un espace de gestation et de diffusion de modèles comportementaux exprimant les positionnements sociaux des jeunes. Ces positionnements sociaux peuvent varier du fait de l'insertion des jeunes citadins dans des réseaux sociaux divers, pluriculturels et plurilingues, donc de la pluralité de leurs identités. Cette variation s'exprime en partie au travers des productions langagières et des choix linguistiques dans et hors de la chanson. Elle relève des buts communicationnels des locuteurs et des données des situations, situations qui, dans la chanson s'inscrivent linguistiquement dans le jeu de mises en scènes énonciatives. Ces positionnements et ces situations de communication dépendant de données socio-économiques, culturelles et linguistiques plus générales, l'analyse du rap de chaque ville considérée par cette recherche est rapportée à des contextes à géométrie variable : contexte international, contexte local variant de la ville au groupe.

Les analyses des données s'appuient sur la mise en commun d'outils théoriques et méthodologiques de différentes disciplines de la linguistique et sont corrélées de façon, d'une part à approfondir nos descriptions et interprétations, d'autre part à questionner ces outils eux-mêmes. Les données recueillies sont d'ordre linguistique et sociologique et dépassent le seul cadre de la chanson.

Les questions générales posées par notre recherche sont celles des relations entre pratiques linguistiques et pratiques de création textuelle et du rôle actif des processus langagiers sur des processus de constructions sociales et réciproquement.